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Photo du rédacteurAïkà De Lire délire

#NetGalley : La vérité n'aura pas lieu de Frédéric Viguier


Ami.e.s De Lire bonjour,


Avant de commencer, je tiens à remercier NetGalley et les éditions Plon pour cette découverte éditoriale mémorable.


Aujourd'hui nous allons parler du roman intitulé La vérité n'aura pas lieu de Frédéric Viguier.


LE SAVIEZ VOUS ?


Frédéric Viguier est un écrivain français né à Nîmes en 1968. Il a publié trois romans à ce jour : Ressources inhumaines, Aveu de faiblesses et La vérité n'aura pas lieu, ainsi que plusieurs pièces de théâtre.

Il a reçu le prix Charles-Exbrayat et le prix du meilleur roman des lycéens de la région Sud PACA.

L'expression "La vérité n'aura pas lieu" est une citation du dramaturge français Jean Genet, tirée de sa pièce Les Bonnes, publiée en 1947. Il s'agit d'une réplique de Claire, l'une des deux sœurs domestiques qui projettent de tuer leur maîtresse.

Elle signifie que la vérité n'existe pas, qu'elle est toujours une construction subjective et que le mensonge peut être plus puissant que la réalité. Cette expression est souvent reprise pour exprimer le scepticisme, le relativisme ou le nihilisme face aux discours prétendant détenir la vérité.


Présentation de l'éditeur


« Gisèle Chabaud était la première lectrice qui me sollicitait dans le but d’écrire son histoire. Celle du suicide de son fils, un père de famille soupçonné d’abus sexuels sur mineure. Elle avait lu l’un de mes romans et voulait réhabiliter l’honneur de son fils. Intrigué par la personnalité de cette femme, curieux de pénétrer l’intimité de cette famille, j’acceptai.

Puis le doute… Cherchait-elle à orienter mon jugement ? Plus j’avançais dans cette histoire, lisant les procès-verbaux et le journal de sa femme, plus Sylvain Chabaud me paraissait secret, énigmatique. »

Mais était-ce bien là l’enjeu de ce drame ?


Sans concession, Frédéric Viguier explore les limites de la vérité et des non-dits, la distinction entre les ressorts aliénants de la manipulation et les intuitions libres de la fiction. Il est déjà l’auteur de deux romans parus chez Albin Michel, Ressources inhumaines et Aveu de faiblesses.


La littérature au service de toute vérité ?


Le narrateur est un écrivain de notoriété qui reçoit la demande surprenante d'une dame on ne peut plus déterminée, Gisèle Chabaud.


Elle désire qu'il écrive un livre sur son fils, Sylvain, qui s'est suicidé après avoir été accusé d'abus sexuel sur mineure.


Pour des raisons financières d'une part et d'autre part intrigué par la personnalité de cette femme et curieux de pénétrer l'intimité de cette famille, le narrateur accepte.


Dans la légitime optique d'étoffer son objet littéraire, le narrateur va alors enquêter sur les circonstances du drame et interroger les proches du défunt, mais chemin faisant, il devra se confronter à ses propres doutes et à son éthique.


Pour ma part,


Captivant de A à Z.


Le narrateur, un écrivain, accepte contre rémunération d'écrire l'histoire de Gisèle Chabaud, une mère en colère dont le fils Sylvain s'est suicidé à 45ans au lendemain de son passage au commissariat, après avoir été soupçonné de pédophilie. Sachant que ces soupçons n'ont jamais été confirmés et que le père de famille s'est donné la mort avant qu'une enquête officielle ne soit ouverte, tandis que Gisèle revendique l'atteinte à la présomption d'innocence de son fils, même à titre posthume, l'écrivain s'engage à lui produire un livre hommage digne de ce nom. Par souci de vraisemblance romanesque et à l'insu du plein gré de Gisèle, le narrateur va tout de même enquêter sur les circonstances du drame, rassembler tous les éléments, pièces à conviction de l'affaire et interroger en personne les proches du défunt... . Au fil de son investigation, il se heurte à ses propres doutes et surtout à son éthique: inévitable lorsqu'on entend plusieurs sons de cloche surtout si l'une d'entre elles sonne faux... Là dessus je ne vous en dis pas plus, vous le découvrirez en lisant le livre. Grâce à une plume sobre, efficace et tellement proche de notre intuition, le récit explore les limites de la vérité et des non-dits ainsi que la distinction entre les ressorts aliénants de la manipulation et les pressentiments libres de la fiction.


Même si les sujets abordés ne font pas l'unanimité et moi qui rarement lis des histoires d'enquêtes, j'ai aimé ce récit qui mêle savamment le réel et le fictif, ce don de nous faire douter de ce que nous croyons savoir.


Ce roman est aussi un hommage à la grande littérature.

Quand la grande littérature représente le dernier espoir.


Pour la mère qui a perdu un fils, un exutoire digne de son deuil.

Pour l'écrivain sans le sou, je cite "le scribouillard", un gagne-pain opportun et la perspective d'un nouveau succès littéraire.


Pour eux deux et pour nous lecteurs, que la lumière soit faite sur cette sombre affaire.


Quelques citations:


"Je ne suis pas devenu écrivain « à plein-temps » par passion de la littérature ou parce que j’ai dans la tête des idées et des pensées que je juge dignes de figurer dans un livre. Ce sont les circonstances, qui m’ont incité à raconter une expérience professionnelle passée, qui mettait en scène un autre que « moi ». J’avais espéré que cela me permettrait de moins me focaliser sur ma « petite personne », sans préméditer que ce témoignage romancé intéresserait une maison d’édition . J’ai découvert, en profitant d’une offre qui ne pouvait se refuser, les bienfaits de ne plus être le sujet principal de mes préoccupations tout en étant invité à parler de moi… Je ne m’en suis pas mal sorti, les journalistes prenaient mon humour pour une marque de fabrique, alors que je n’ai toujours su rigoler que de moi."


"Je suis devenu un dilettante qui justifie son absence de transpiration par la possession d’un don pour l’écriture qui mérite qu’on le ménage ; et cette vie tranquille et sans contraintes me convient parfaitement."


"Elle désire que l’on se lamente sur le sort de son enfant, mort à quarante-cinq ans , elle voudrait que n’importe quel inconnu éprouve de l’émotion à la lecture de son drame ; et, pour atteindre cet objectif, que le pragmatisme de son combat ne lui a pas permis de réaliser, elle n’attend rien d’un travail journalistique. C’est de littérature qu’elle a besoin, d’un roman qui serait inspiré de sa propre histoire."


"Elle dit qu’il n’y aura rien de mieux qu’un écrivain pour contribuer à rendre son fils immortel… Elle espère que pour se faire aider à mieux accepter la mort de son enfant, elle trouvera un auteur sensible à son calvaire , et qu’il consentira à évoquer son fils en utilisant tout de même quelques idées à elle."


"Pour faire de l’histoire du fils Chabaud un machin digne d’être appelé roman, et surtout d’être édité, il allait me falloir puiser en moi une énergie que je n’avais pas , ou une énergie que je n’avais pas envie de céder à Gisèle Chabaud. J’avais besoin de son argent, mais pas de son histoire ; et finalement, j’ai réussi à forcer ma jovialité, et donc à renforcer l’optimisme d’Isabelle."


"— Un écrivain n’a pas besoin de vivre les choses pour les ressentir. — C’est-à-dire que vous seriez un peu médium?— Je n’ai pas dit ça. Mais une certaine forme de sensibilité peut permettre de comprendre ce que ressentent les autres."


"— Maintenant vous savez tout. Il ne me reste plus qu’à vous confier le procès-verbal de l’audition de Sylvain, pour que vous soyez définitivement persuadé que tout ce que je vous ai raconté est la vérité. Je ne vous cacherai rien de cette affaire. Pour que vous écriviez le livre qui fera de mon fils un homme bien et non l’ordure que les policiers ont poussée au suicide."


"Vous comprenez mieux, maintenant, pourquoi il ne me reste que la littérature pour me rapprocher de mon fils ? Pourquoi les photos de lui que j’ai accrochées sur les murs de ma maison ne suffisent plus ?"



"Elle espérait humblement que son texte me servirait de « base de travail », même si elle aurait préféré n’avoir rien écrit pour ne pas être assimilée à ceux qui se permettent d’utiliser la littérature pour se « faire du bien », ou qui écrivent par thérapie. Elle méprisait les « scribouilleurs » qui confondent sensibilité et sensiblerie ; ce qu’elle me proposait était plus ambitieux que la réécriture d’un fait divers."



"Je vais écrire un livre de plus, qui ne me permettra pas de revendiquer un troisième roman à mon actif, mais je vais renflouer mes finances. Le plus important n’est pas ma survie littéraire , mon ego a finalement moins d’appétit que mon estomac."


"Gisèle Chabaud souhaite-t-elle qu’une œuvre littéraire naisse sous sa dictée, sans égard pour ma liberté de penser et donc de créer, ou attend-elle que je m’affranchisse des termes de notre contrat ? En me payant, achète-t-elle les mots et la crédibilité d’un écrivain en activité ? Ou espère-t-elle que je lui fournirai un roman qui révèle la face cachée d’un fils que le suicide a transformé en énigme ? A-t-elle besoin de ma sensibilité ou de mon style ? De ma soumission ou de mon intuition ? De mon mépris pour les victimes ou de ma fascination pour les bourreaux?".


"Cette évidence ne flatte pas mon ego mais perturbe mon orgueil : Gisèle Chabaud n’a jamais eu besoin de moi, elle s’est offert un intermédiaire. Je n’ai pas été rémunéré en échange de la mise à disposition de mes talents d’écrivain ; elle s’est payé la crédibilité d’un type du sérail. Elle a voulu utiliser la réputation de la littérature pour faire de son fils une victime, de cette victime un martyr, et de ce martyr un héros ; et il n’est pas question que je perturbe ses plans. Malheureusement, pour la réussite de son projet, elle s’est trompée d’écrivain. Elle avait pourtant le choix ! Des scribouillards dans mon genre, qui ont besoin d’argent , il en existe autant que de livres publiés."


"Je profiterai même d’une ultime conversation téléphonique pour lui affirmer qu’elle a tort de penser que les gens heureux se suicident, qu’il faut au contraire une bonne dose de désespoir pour passer à l’acte, et pas seulement durant les cinq minutes qui précèdent le geste fatal ; ce qui justifie de chercher dans le passé de Sylvain les indices d’une blessure jamais véritablement refermée. —Vous essayez de me dire quoi ? Que mon fils aurait été un enfant malheureux ? Que je me suis mal occupée de lui ?"



"Gisèle Chabaud ignore que je suis à Carcassonne. Nous ne nous parlons plus, je n’ai reçu de sa part aucune autre lettre, le contrat que nous avons signé est le seul lien qui m’empêche de l’oublier définitivement. Elle lira le roman quand il sera terminé et exposé sur les étagères des librairies. Elle ira acheter son exemplaire en se déguisant. Elle imaginera que l’histoire de son fils intéresse du monde, elle pensera que sur son front son nom de famille sera lisible ; c’est tellement humain de se croire important alors qu’une vie ne mérite pas plus qu’une autre d’être mise en avant. Que toutes les destinées se valent, quels que soient le drame ou les pleurs qui s’y rattachent."


"La posture de l’écrivain a ses avantages. Si les stars de la téléréalité entrent gratuitement dans les boîtes de nuit, les auteurs de romans pénètrent à l’œil dans le cœur démoli des malheureux."


Frédéric Viguier in La vérité n'aura pas lieu, Plon, 2023


Pour conclure,


+ À lire sans hésitation : dans son style bien à lui, l'auteur se met en scène à travers cette enquête pour questionner le processus de création littéraire et explorer les zones d'ombre de l'âme humaine avec réalisme non sans une touche subtile d'ironie.

- S'abstenir si et seulement si vous n'aimez pas les romans qui abordent des sujets ultra graves comme le suicide, la pédophilie, la manipulation ou la culpabilité.


Et vous, avez-vous déjà lu La vérité n'aura pas lieu de Frédéric Viguier ? En avez-vous ressenti la tension ?


Dans tous les cas, je vous invite à me faire part de votre avis en commentaire ou via le petit formulaire de contact . Littérairement vôtre, Aïkà

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