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Service Presse : Éloge des vertus minuscules de Maryna Van Zuylen

Dernière mise à jour : 15 nov. 2023



Ami.e De Lire bonjour,

Avant de commencer, je tiens à remercier chaleureusement l'opération Masse Critique de Babelio et la maison d’édition Flammarion pour cette découverte éditoriale déterminante.


Aujourd'hui nous allons parler de l'essai intitulé Éloge des vertus minuscules de Marina van Zuylen, traduit de l’anglais (États-Unis) par Clotilde Meyer, paru en avril 2023 aux éditions Flammarion, 256 pages.


LE SAVIEZ VOUS ?


Marina van Zuylen est une auteure américaine et professeure de littérature française et comparée au Bard College, dans l'Etat de New York. Elle a fait ses études en France avant d'obtenir une licence en littérature russe et un doctorat en littérature comparée à l'Université de Harvard. Elle a écrit plusieurs livres traitant sur des sujets éclectiques comme l'ennui, la fatigue, l'oisiveté, le snobisme, les troubles dissociatifs ou l'esthétique obsessionnelle compulsive. Éloge des vertus minuscules (Flammarion,2023) est son premier livre traduit et publié en français.


Une vertu minuscule est une expression qui désigne une qualité morale de peu d'importance ou de valeur, souvent ironique ou péjorative. Par exemple, on peut dire que quelqu'un a pour seule vertu minuscule d'être ponctuel.


Présentation de l'éditeur


La majeure partie de notre existence se déroule dans un demi-jour discret : actions et pensées qui nous laissent moyennement satisfaits, et que nous gardons souvent pour nous-mêmes. Pourtant, comme dans les fictions que nous aimons, se trouvent des personnages secondaires essentiels, desexpériences de la banalité révélatrices, des sentiments ordinaires qui font tout le sel de notre vie intérieure.

À un désir de perfection qui nous aveugle et nous égare le plus souvent, Marina van Zuylen oppose la puissance des vertus minuscules, qui nous obligent à poser un regard bienveillant et nuancé sur nos qualités cachées et nos défauts. Relisant Proust, Tchékhov ou Levinas, au fil d’un récit personnel et émouvant, elle nous accompagne sur le chemin que Samuel Beckett avait décrit avec humour : « Essayer encore. Rater encore. Rater mieux. »

Ces petites qualités qui rendent heureux


Dans cet essai, Marina van Zuylen propose une réflexion sur les "petites" qualités morales qui sont souvent négligées ou méprisées dans notre société obsédée par la performance et l'excellence.


Elle s'appuie sur des exemples littéraires, comme Proust, Tchekhov ou Tolstoï, pour montrer comment ces vertus minuscules, comme la politesse, la discrétion, la patience, la modestie, la gratitude ou la solidarité, peuvent nous aider à vivre mieux et à faire la paix avec nous-mêmes.


Pour ma part,


Par une approche stimulante détaillée en douze chapitres, l’auteure explore d’une part, les mécanismes du perfectionnisme toxique et la tyrannie du mérite dont les conséquences sont psychologiquement, psychiquement et psycho-somatiquement dévastatrices et d’autre part, elle contre-attaque par la mise en lumière de valeurs morales et humanistes, en l'occurrence la dignité et l'attention aux autres, souvent ignorées ou dédaignées.


Nombre de références et d’exemples littéraires inspirants, que je vous laisse découvrir en lisant cet essai, jalonnent et illustrent avec finesse les propos de l’auteure: comment les vertus minuscules peuvent enrichir nos relations aux autres ainsi que notre vie intérieure; c’est dire que le sujet est passionnant et ne date pas d’hier.


En tout cas, sans être un ouvrage de développement personnel, cette lecture libère de la pression sociale et de l'angoisse de la réussite, qui nous poussent à nous comparer sans cesse et à nous sentir insatisfaits ou coupables.


C’est la première fois depuis longtemps que j'ai l'impression d'habiter dans un essai, j'en ai griffonné et surligné pratiquement la moitié et je le garde précieusement sur ma table de chevet pour quelques temps encore en attendant de le relire.


Je ne peux que prendre le parti de faire l’Éloge des vertus gigantesques de ce livre que je recommande sans modération à qui se sent secrètement médiocre, ordinaire, déçu ou invisible…


En somme: une lecture apaisante, libératrice et dans certains cas, salvatrice pour ne pas détruire sa vie à trop vouloir la réussir.


Quelques citations:

"Ce livre se veut un poste d'observation privilégié de qualités discrètes - à commencer par la dignité et l'attention aux autres. Les étiquettes médiocre, passable peuvent détruire une personne. Cela vaut aussi pour les jugements d'auto- dépréciation, qui pulvérisent nos fragiles egos."


"Le mépris de soi ne naît pas seulement des vexations répétées de notre entourage, mais aussi du dénigrement que nous nous infligeons à nous-mêmes. Si nous ne sommes pas quelqu'un, alors nous ne sommes personne. À peine perceptible, parfois si subtile que nous seuls en avons connaissance (mais avec une certitude viscérale), l'exclusion pénètre la trame profonde de notre identité, présente et future."


"Analyser et décoder les manifestations de la honte ou du malaise, de la fierté ou de la joie exigent la touche d'un miniaturiste. L'adverbe 'assez' est précisément cette touche. Il nous offre une pause, nous aide à observer sans sauter trop vite aux conclusions, se muant pour finir en sympathie et en bienveillance."


"Un premier prix, une grande école, une mention « très bien » avec félicitations: tout cela monopolise notre attention, éclipsant au passage les résultats plus nuancés. Je veux arracher l'idée d'assez bien à son statut ancillaire."


"Mon nouvel ami, le modalisateur 'assez', nous évite de tomber dans la caricature, en nous ouvrant les yeux sur une réalité nouvelle."


"Les deux facettes de la médiocrité : assez bien ou pas assez bien?


"Peu importe qui l'on est ou ce qu'on a accompli, il est rare d'échapper au sentiment qu'on aurait pu mieux réussir sa vie. "


"Évidemment, il a eu des moments grisants d'accomplissement, où l'on s'est sentie reine du monde. Mais ils sont géné- ralement de courte durée, cédant bientôt la place à des doutes obsédants quant à notre place, notre héritage, notre influence."


"Si accablantes que soient les nouvelles du matin tremblements de terre, guerres, meurtres - au final la pire catastrophe est toujours la hantise de notre propre insignifiance."


"Demandez à vos amis, brisés par une soudaine crise de la quarantaine, ce qui les a poussés à rompre une relation de couple qui ne fonctionnait pas si mal pour se jeter dans l'incertitude et le chaos, préférant au fond la galère à la lassitude et au doute (...)"


"Chapitre 3 : L'anxiété sociale et l'art de l'humiliation

J'ai du mal à m'imaginer prendre part à une assemblée quelconque sans me demander, malgré moi, qui a le mieux réussi, qui s'en tire mieux ou moins bien que moi'? D'où nous viennent de tels comportements sociaux, et pourquoi ce sentiment de honte ou de fierté occupe-t-il une telle place dans notre évolution en tant qu'espèce?"


"Ma plus grande source d'insatisfaction provient de la confrontation de mes facultés et mes limites personnelles avec une idée générale de la réussite. Être médiocre, c'est vivre dans une zone floue, partager mon identité avec des centaines d'autres personnages quelconques, gratte-papier et autres imitateurs qui ont oublié de penser par eux-mêmes. Dans les couches supérieures de la société, être médiocre constitue un sérieux handicap, un crime contre la bonne conversation, voire une sorte de mort avant l'heure. Mais la peur d'être médiocre transcende toute distinction de classe, de race et de genre. Être médiocre est généralement (tragiquement, aussi) le fait des suiveurs plutôt que des meneurs ; personnes réservées plutôt qu'exubérantes. De bien des façons, sans forcément avoir l'âme de leaders, nous refusons l'idée d'être totalement occulté. Quelles que soient nos faiblesses, nous tenons du moins à ce qu'elles soient nôtres : différentes, remarquées comme ce qui nous rend uniques."


"C'est la nature [...] qui sépare les uns des autres ceux chez qui prédomine l'esprit, ceux chez qui prédomine la force des muscles et du tempérament et les troisièmes, chez qui ne prédomine ni l'un ni l'autre, les médiocres, - ces derniers constituant le grand nombre, les premiers l'élite. [...] Ils constituent l'espèce d'homme la plus respectable: cela n'exclut pas qu'ils soient aussi celle qui a le plus de belle humeur, la plus aimable. Ils dominent, non en vertu de ce qu'ils veulent, mais en vertu de ce qu'ils sont ; ils ne sont pas libres d'être des seconds. [...] La vie devient de plus en plus rude à l'approche des sommets, - le froid augmente, la responsabilité augmente. [...] Pour le médiocre, être médiocre est un bonheur; la maîtrise en un seul domaine, la spécialisation est pour lui un instinct naturel. [...]. [La médiocrité] est la nécessité première pour qu'il puisse y avoir des exceptions: elle rend possible une culture élevée".


"Contrairement à la vie, la littérature s'intéresse aux existences possibles. Nous pouvons tester des options qui nous seraient inaccessibles autrement ; nous pouvons imaginer différents horizons, des issues délirantes."


Marina van Zuylen in Eloge des vertus minuscules, Flammarion, 2023


Pour conclure,

+ À lire pour apprendre à apprécier les petites sagesses du quotidien, qui sont sources de joie et de gratitude, et à faire preuve de bienveillance envers soi-même et envers autrui. À relire pour réfléchir à ce qui fait sens dans notre existence.


- S'abstenir si et seulement si vous pensez que les vertus minuscules sont des défauts déguisés, des signes de faiblesse ou de médiocrité, et que vous préférez les vertus héroïques, les exploits extraordinaires ou les succès éclatants.

Et vous, avez-vous déjà lu Éloge des vertus minuscules de Marina van Zuylen? En avez-vous ressenti l'apaisement ?


Dans tous les cas, je vous invite à me faire part de votre avis en commentaire ou via le petit formulaire de contact situé juste en bas de cet article.


Littérairement vôtre,


Aïkà

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