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Photo du rédacteurAïkà De Lire délire

Ça se passe comme ça en salle : En salle de Claire Baglin

Dernière mise à jour : 15 nov. 2023


Ami.e De Lire bonjour,

Aujourd'hui nous allons parler du roman intitulé En salle de Claire Baglin paru en septembre 2022 aux Éditions de minuit, 160 pages.


Le saviez-vous?


Claire Baglin née en 1998 est une critique littéraire et auteure française. Elle est diplômée d’un Master Création littéraire de l’UFR Lettres et Sciences Humaines. En salle est son premier roman.


La restauration rapide, fast food, en anglais, est un mode de restauration dont le but est de faire gagner du temps au client en lui permettant de consommer rapidement les plats commandés ou de les emporter, et ce, pour un prix généralement moindre que dans la restauration traditionnelle. Les mets servis sont le plus souvent des hamburgers ou des sandwichs, accompagnés de frites et d’une boisson.


Présentation de l'éditeur


Dans un menu enfant, on trouve un burger bien emballé, des frites, une boisson, des sauces, un jouet, le rêve. Et puis, quelques années plus tard, on prépare les commandes au drive, on passe le chiffon sur les tables, on obéit aux manageurs : on travaille au fastfood.

En deux récits alternés, la narratrice d’En salle raconte cet écart. D’un côté, une enfance marquée par la figure d’un père ouvrier. De l’autre, ses vingt ans dans un fastfood, où elle rencontre la répétition des gestes, le corps mis à l’épreuve, le vide, l’aliénation. En salle a reçu le Prix François Mauriac 2023.



Ça se passe comme ça en salle !


Des boiseries, de nombreux écrans, un comptoir net, coloré et convivial, une odeur caractéristique de friture, pléthore de recettes rapides à base de burgers et un menu joyeux avec jouet offert ...


Derrière cette alléchante mise en scène, des travailleurs sur le pied de guerre et une organisation en conséquence.


Bienvenue en salle où l'on vient comme on est, que l'on soit client ou employé.


De fil en aiguille, dans un style quasi oral sans guillemets, la narratrice nous embarque dans un double récit dont la convergence est la salle. En salle, là où tout a commencé et où tout finira.


Adolescente, elle grandit entourée de son petit frère Nico, de son père Jérôme, ouvrier débrouillard et fier dans tous les sens du terme et de sa mère souvent inquiète Sylvie. Une famille ordinaire en somme, dont les virées en salle sont un rituel source de bons souvenirs.


Adulte, elle se trouve à présent de l'autre côté de la machine, là où sont préparés avec soin les burgers et autres produits proposés par l'enseigne. Sous l'œil attentif de Chouchou, il est ordonné de préparer, frire, griller, emballer, encaisser, nettoyer, laver, désinfecter et j'en passe. En cadence toujours avec le sourire.


Pour ma part,


À mon humble avis, ce roman se veut largement autobiographique.


Dans le premier récit, des souvenirs de famille, des petits bonheurs simples et des tracas y font la part belle sur fond tragi-comique.


Le second récit est riche en descriptions et jargons propres aux enseignes de restauration rapide. Plus qu'un langage technique, il est question d'un dialecte managérial majoritairement anglicisé.


D'une certaine façon, l'histoire met en lumière la toxicité de certaines méthodes de gestion appliquées comme il est d'usage dans ce type d'établissement. Par exemple, lorsque la manager, la 'mana', en plus de réprimander son équipière devant tout le monde, jette sa glace par terre. Bien que le geste soit anodin (ou pas!!) cela laisse des traces. Pas que sur le carrelage.


Quelques citations:


"Elle agite les produits d'entretien dans tous les sens, fait mine de pulvériser une surface pour nous expliquer comment faire, mais pendant sa démonstration je ne vois que son chignon blond serré derrière son crâne comme si une partie de son encéphale avait une annexe à cet endroit."


"Il y a trop de fruits dans ce mélange d'odeurs et je suis obsédée par ce chignon blond indifférent au balancement de son corps."


"Chouchou a peur que je m'ennuie alors elle me propose des activités, faire un tour de balayette, changer les poubelles comptoir, elle veut savoir si ça ne me dérange pas de nettoyer les toilettes. Je n'ai pas le temps d'y aller qu'elle se tourne vers une autre équipière et lui dit mais c'est pas possible, tout le monde sait le faire pourquoi pas toi?"


"Lorsque Laura marche elle fait peser son poids sur sa jambe gauche quand elle presse le pas, tout le monde se tient sur ses gardes, elle est effrayante, elle pousse les cuisiniers sur son passage. Laura ne s'excuse jamais."



"Mon père rentre à treize heure quand il est du matin, vingt et une heures quand il est d'après-midi et cinq heures quand il est de nuit Chaque fois nous oublions ces horaires, l'attendons jamais et sommes toujours étonnés d'entendre la clé tourner."


"Lorsqu'on le rejoint, mon père a déjà fini toutes ses frites et maman le remarque, t'es pas chié, attention tes manches dans la sauce Nico. Les pailles sont plantées au centre des couvercles transparents, le coca vient nous piquer la gorge. Mon père com- mence son burger, buvez pas tout le coca les titis vous aurez plus faim après. Maman répartit les sauces dans les boîtes, se met du ketchup sur les doigts."


Claire Baglin in En salle, Editions de minuit, 2022.

Pour conclure,


+À lire si vous voulez vivre une expérience professionnelle dans une enseigne de restauration rapide comme si vous y étiez.


- S'abstenir si et seulement si le monde populaire en général et la restauration rapide en particulier vous désintéressent.


Et vous, avez-vous lu En salle de Claire Baglin ? Cela vous a-t-il rappelé du déjà vécu ?


Je vous invite à me faire part de votre avis via le petit formulaire de contact situé juste en bas de cet article.


Littérairement vôtre,


Aïkà

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