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Photo du rédacteurAïkà De Lire délire

#NetGalley: Mon fantôme de Mehdi Ouraoui

Dernière mise à jour : 15 nov. 2023



Ami.e.s De Lire bonjour,


Avant de commencer, je tiens à remercier NetGalley et les éditions Fayard pour cette découverte éditoriale mémorable.


Aujourd'hui nous allons parler du roman intitulé Mon fantôme de Mehdi Ouraoui paru en août 2023 aux éditions Fayard, 276 pages.


Ce roman a été finaliste au Prix Première plume 2023.



LE SAVIEZ VOUS ?


Mehdi Ouraoui né en 1981 à Pau est un écrivain français. Il a été le directeur de cabinet d’Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste de 2012 à 2014. Mehdi Ouraoui a également écrit des essais politiques comme Marine Le Pen, notre faute et Essai sur le délitement républicain. Ecrivain engagé et talentueux, Mehdi Ouraoui témoigne de son époque avec lucidité et sensibilité.


Rachid Taha (1958-2018) était un chanteur, musicien et compositeur franco- algérien, qui a été l'un des pionniers du raï rock dans les années 1980 et 1990. Il est connu pour ses chansons engagées et contestataires, comme Ya Rayah, Rock el Casbah ou Barra Barra. Il est mort d'une crise cardiaque le 12 septembre 2018 à l'âge de 59 ans. En publiant son premier roman fictionnel avec les paroles de "Tékitoi" en exergue, Mehdi Ouraoui a voulu lui rendre hommage en le faisant revenir sous la forme d'un fantôme qui propose au héros d'exaucer son vœu en échange de son aide.


Descriptif de l'éditeur


« Je peux dire, très précisément, quand j’ai rencontré Rachid Taha pour la première fois. C’était il y a quatorze minutes. Soit trois mois, treize jours et huit heures après sa disparition. »


Lorsque la star des années 1990 lui demande d'annoncer sa résurrection au monde entier, Mehdi voit basculer son quotidien bien rangé de père quinquagénaire et divorcé. En échange de son aide, le chanteur défunt exaucera le vœu de son choix. Fortune ? Gloire ? Beauté ? Mehdi, professeur de latin reconnu, préfère demander un manuscrit disparu de Cicéron, pour lequel il nourrit une étrange obsession : La Consolation. Mais quel tourment cherche à apaiser cet homme qui voit des fantômes ?


A la fois mordante et poétique, l’écriture de Mehdi Ouraoui met en scène de façon drôle et bouleversante le combat picaresque d’un homme ordinaire confronté à des événements extraordinaires.



Ancienne plume politique, Mehdi Ouraoui signe avec Mon Fantôme son premier roman.




À la recherche de la Consolation perdue


Mehdi est un professeur de latin au lycée Henri-IV, à Paris. Il est passionné par la langue et la culture romaines, et notamment par le philosophe Cicéron, dont il cherche désespérément le manuscrit perdu, La Consolation afin d'en publier la traduction.


Un soir, en rentrant chez lui, Mehdi est victime d’une agression raciste. Il se réveille à l’hôpital, où il reçoit la visite inattendue du fantôme de Rachid Taha, le célèbre chanteur algérien, mort d’une crise cardiaque en 2018. Rachid Taha lui propose un marché: il exaucera son vœu le plus cher, si Mehdi accepte de l’aider à accomplir sa dernière volonté: annoncer son grand come-back au monde entier.



Pour ma part,


Sous la forme hilarante du journal d'un type abonné à l'auto-dérision, ce roman nous réserve un grand final bouleversant et inattendu.


Mehdi, quinquagénaire divorcé et professeur de latin à la recherche du manuscrit de Cicéron, pactise avec le fantôme de Rachid Taha sans savoir ce qui l’attend. Il se retrouve embarqué dans un délire rocambolesque qui le fait voyager à travers le Pays Basque, la Pologne et j'en passe et des meilleures en la compagnie spectrale de la superstar du raï.


Il redécouvre des aspects de la culture algérienne et de la musique raï, qui sont très éloignés de son univers littéraire. Confronté à ses origines, à sa famille, à ses collègues et à ses élèves, notre héro latiniste devra faire face à son passé douloureux et à son secret.


La plume est carrément drôle, les personnages sont attachants et complexes. Le récit nous fait réfléchir sur les conséquences des traumatismes, sur les mécanismes de défense, et sur les illusions que l'on se crée pour survivre.


En effet, le comportement décalé de notre héro Mehdi, intrigue et interroge: "mais-qu'est-ce-qui-va-pas-chez-lui?!" Il faut lire le roman jusqu'à la toute fin pour comprendre son histoire qui nous fait prendre conscience de la fragilité de la vie, de la mémoire et de l'identité.


À travers des situations tantôt facétieuses, tantôt absurdes, une quête perdue d'avance et un pacte d'alliance avec le spectre de Rachid Taha, je crois que l'auteur a voulu exprimer par des symboles forts: "La Consolation" et "mon fantôme" que la réalité n'est pas toujours ce qu'elle semble être, et que chacun a sa propre perception des choses.


Mention spéciale pour l'implication du fantôme de Rachid Taha créant un dialogue entre deux générations d'immigrés algériens en France, et montrant les difficultés et les espoirs qu'ils rencontrent.


Parce que j'ai ri, parce que j'ai pleuré, parce que j'ai appris, Mon fantôme de Mehdi Ouraoui est mon chouchou de la rentrée littéraire 2023.


Quelques citations :


"Les vendeurs de paquets de lessive font de meilleurs sociologues que Bourdieu : il faut toujours écouter des types capables de lire les bouleversements du monde dans les lasagnes surgelées."



"Mais alors, pourquoi ce sosie de Rachid Taha est-il en train de jouer de la guitare dans mon salon ?"

L’hypothèse sosie est définitivement écartée lorsque l’auteur de « Tékitoi-tékitoi » se met à clignoter : apparu, disparu, apparu, disparu, à la fois présent et absent comme le chat de Schrödinger."



"Les derniers jours de l'année s'écoulent comme au bord du fleuve jadis. Rachid est bon camarade. Un colocataire respectueux qui ne se téléporte jamais dans ma chambre à l'improviste. De mon côté, j'évite les questions pesantes sur son décès ou son état gazeux. La vue du foie gras lui est devenue insupportable, mais il n'en dit rien, c'est une élégance que j'apprécie. Je lui tais, pour ma part, que sa reprise des Clash (London Calling qui devient Algiers Calling) sent le pâté."



« Quelle est la couleur du cheval beur d'Henri IV?»

«Monsieur et madame Golebien ont un fils, comment le prénomment-ils? Henri. Tu l'as? Henri Golebien."



"Il vivait son nouveau chômage comme une expérience amusante, tel un lycéen désinvolte regardant la vie s'écouler au rythme des heures de colle, un grand enfant pour qui l'avenir, tout entier contenu dans le « qu'est-ce qu'on va faire de toi ? >> exaspéré des adultes, la préparation de cet avenir donc se résume à graver << I was here au compas à destination des futures générations d'inadaptés. Gus répondait ainsi, méthodiquement, à chaque courrier de Pôle emploi par une lettre romantique un peu barrée. Cette assiduité était son plaisir et son salut quotidiens."


"La proviseure m'interrompt d'un index posé sur son sourire. Puis, inclinant la tête comme pour m'enjoindre de l'imiter, elle souffle d'une voix détachée : « Mon cher Mehdi, vous me faites parfois penser à cette fresque. » Au plafond, une scène d'art rocaille, un machin rococo que j'ai toujours trouvé hideux. L'Apothéose de saint Augustin brûlant les hérétiques.

Je prends l'air pénétré de celui qui apprécie la profondeur du propos. Absolument. Rien. Compris."


"XIX.


Vendredi 1er mars 2019


Lors de notre premier rendez-vous à la Philharmonie, Zélie m'explique : << Petite, je n'avais ni chien ni chat, ni poisson rouge, ni frère ni sœur, ni beaucoup d'amis. Aucun, en fait. Adolescente, j'ai découvert les livres et j'en ai fait mes amis, je ne les lisais pas seulement, je les écoutais et leur répondais. J'aimais, plus que tout, Murakami. Pourquoi Murakami? Cela a finalement peu d'importance."


"Voilà qui est le père Blédard. Pour lui je suis un faux Arabe, comme en anglais il y a de faux amis,

une erreur de traduction,

de tradition, une âme en perdition,

un moit'-moit',

un mixte jambon-beur,

un ni ni,

ni français ni algérien, ni arabe ni musulman, alors elles te servent à quoi maintenant, tes déclinaisons latines, hein, gros malin?

Ses épais sourcils me tancent : « Je sais que tu manges du porc et que tu bois de l'alcool, chien d'infidèle. »

"Sitôt sa mère partie, Norah se jette dans mes bras, où elle fond en larmes :

-Je suis désolée, papa, je suis tellement désolée, tu sais, la manif, tout ça, je m'en fous, le Collectif, vraiment, je suis tellement désolée, je ne voulais pas te dire tout ça, je me sens tellement mal. C'est de ma faute, tout ça. Je passe mon temps à te décevoir.

- Tu sais, mon chat...

- Oui? renifle-t-elle dans mon pull, en

levant vers moi ses yeux brillants des chagrins d'enfant.

- Souvent, en observant ta génération, si différente, la mienne se demande en ronchonnant ce qu'elle a raté. Jamais nous ne nous disons que la génération ratée est, peut-être, celle incapable d'aimer la suivante."



"Et si la violence la plus inouïe met un point final n'importe où, sans prévenir, au hasard, que la phrase nous semble soudain absurde, si cette sauvagerie interrompt tout, rend caducs toute croyance comme tout espoir, pourquoi devrait-on poursuivre le récit ?

Et si l'on est incapable de guérir, d'oublier, de se relever et de regagner de gré ou de force le mouvement perpétuel d'une histoire que l'on ne comprend plus?

Peut-être ne reste alors, pour unique résistance, que la liberté de s'égarer dans l'infinie douleur, d'opposer au temps, aux dieux et à la vie une sorte de continuez-sans-moi."


Mehdi Ouraoui in Mon Fantôme, Fayard, 2023


Pour conclure,


+ À lire car c’est un roman drôle et intelligent qui mêle tous les genres: fantastique, policier, drame, société etc. À relire pour aborder des thèmes importants et actuels, comme l’identité, la violence, la mémoire et la résilience.


- S'abstenir si et seulement si vous n’avez pas le temps de lire jusqu'à la toute fin.


Et vous, avez-vous déjà lu Mon fantôme de Mehdi Ouraoui? En avez-vous ressenti l'esprit?


Dans tous les cas, je vous invite à me faire part de votre avis via le petit formulaire de contact situé juste en bas de cet article.



Littérairement vôtre,


Aïkà

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